Trois collègues et voisins de boîte-à-cinq-côtés-et-demi
étaient en grand conciliabule hier. Ils voient que je leur jette un coup d’œil
et me demande donc de leur apporter mon soutien. Aucun problème, toujours prête
à donner un coup de main et surtout me demandant bien quelle était la dernière
revendication ambiante, je me joins à leur conversation. Un de mes collègues
doit aller visiter un site industriel, pour une raison X ou Y, et pour ce
faire, on lui demande de raser sa barbe. Question de sécurité. Le pourquoi du
comment n’est pas évident de prime abord, mais relativement simple quand on a
l’explication : en cas d’évacuation d’un site industriel à cause d’une
fuite de gaz nocif, les personnes doivent mettre un masque pour se protéger. Or
le masque doit être étanche pour être efficace, logiquement, et donc en contact
avec la peau. D’où la raison pour laquelle les boucs et moustaches sont
acceptées, mais pas les barbes.
Toujours est-il que cette histoire m’a fait réfléchir à
ce que l’on était prêt à sacrifier ou non pour un boulot… Cela fait 25 ans que
le collègue en question porte la barbe, ses enfants ne l’ont jamais connu sans,
sa femme ne se rappelle sans doute pas de sa tête pré-barbe, et si elle s’en
rappelle, c’était un visage plus jeune de 25 ans. Sa barbe fait partie
intégrante de sa vie, de sa personne depuis des siècles... Et on lui demande de
remettre en cause cet attribut pour un boulot. Je ne sais pas ce qu’il va
décider, mais je comprendrais tout à fait qu’il décide de renoncer au projet en
question, si intéressant soit-il…
Je ne sais pas ce que je serais prête à accepter pour un
boulot, en matière de changement d’apparence physique. Je ne vois pas trop ce
que l’on pourrait me demander d’ailleurs, à part m’attacher les cheveux, ce qui
reste tout à fait raisonnable – selon les circonstances (un maître de stage
trouvait que je manquais de sérieux les cheveux détachés, allez savoir).
En attendant, je n’ai
malheureusement (ou plutôt heureusement) pas pu apporter mon soutien à mon
collègue, me faire pousser la barbe faisant partie des options difficilement
réalisables – ce qui est fort bien ainsi.
Une semaine et un jour avant du camembert de chèvre qui a du goût...