Des mondes étranges… (I)
Mon boulot est multiple et varié et a tout plein de bons
côtés auxquels on s’attache, mine de rien, seulement on ne peut ignorer tout à
fait ses idiosyncrasies. Une des étrangetés les plus frappantes étant le
délirium qui s’empare de plus en plus de tout plein de gens estimant qu’il faut
cadrer, structurer, organiser, border et surtout, surtout rester à la pointe en
optimisant, optimisant, optimisant. En oubliant complètement et absolument
qu’unifier, c’est pas mal, aussi.
Joie des boîtes matricielles, cette magnifique invention
à l’origine des interfaces. Une matrice, c’est simple, cela consiste en tout
plein de petites boîtes bien rectangulaires les unes à côté des autres. Qui
changent en fonction des éléments les constituant. Un phénomène à cheval entre
la philosophie et les mathématiques fondamentales : le contenant définit
le contenu et pour autant n’existe que de par la définition et l’existence de son
contenu qui lui-même redéfinit son contenant. Comme toute théorie qui se respecte,
la définition est simple, l’application imparfaite. Toute formule physique ou
mécanique en est l’exemple type : on commence par apprendre la formule
dans l’hypothèse d’un monde parfait, et on la réapprend itérativement, chaque
itération rapprochant la formule parfaite et donc tout à fait fausse, de la
modélisation du réel – et la compliquant donc incroyablement à chaque étape de
ce processus.
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